pigne de la lé et glacier de moiry - 10 juillet 2008

Publié le par sten

Ça y est, le beau temps revient pour quelques jours seulement alors il faut en profiter. Ce sera une grande première pour cette sortie alpinisme: première en Suisse, et première cordée formée sur C2C, site communautaire sur les activités de montagne.

Je dois donc rejoindre le lac de Moiry dans le valais Suisse. Après 1h30 de retard sur l'horaire de rendez-vous, j'arrive en fin à ce foutu lac, perché à 2400 m au bout d'une interminable vallée suisse. Heureusement mon compagnon de cordée est encore là et me fais signe. Pas de temps à perdre, je mets les grosses et nous voilà partis pour la cabane de Moiry à 2800 m d'altitude, en bordure de la superbe barre de séracs du glacier de Moiry. Le sentier pour monter au refuge ne pose aucun problème, on remonte à coté de la moraine de la langue terminale de ce glacier, que je ne pensais pas aussi imposant. Quand on connait le massif du mont-blanc on n'imagine pas qu'il y a d'autres endroits aussi impressionnants de haut-montagne.

Le lac de Moiry dans le fonds et la langue terminale du glacier de Moiry. Le sentier pour monter au refuge se fait le long de la moraine sur la droite.

La barre de sérac du glacier au dessus du refuge.


Au bout d'une heure et d'un petit aller retour express à la voiture pour récupérer les lunettes oubliées (rrrrrrr!....) j'arrive à la cabane de Moiry, perchée au dessus du glacier. Mauvaise surprise, c'est un marteau piqueur géant qui nous accueille avec un bruit insupportable: le refuge est en plein travaux!
Nous ne sommes pas nombreux, une quinzaine à tout casser, avec des anglais, des (suisses?) allemands.

Le repas est servi à 19h, et ça vaut pas les repas des refuges français. Nous repèrons le parcours sur la carte pour demain: il est prévu de monter au Pigne de la lé, un sommet facile à 3400 m et d'enchaîner avec le tour du glacier suite à des infos données par une cordée qui l'a fait sans problème aujourd'hui.

Le petit dej est servi à 5 heures du mat. Nous nous équipons et partons au moment où une cordée arrive au refuge en étant parti directement du parking! Nous remontons un chemin entre névés, pierriers pour arriver sur le glacier. Nous nous équipons sous le Pigne de la lé, l'objectif du jour.

Le sérac qui barre la face du Pigne. La voie normale la contourne par la droite.

Le départ de la voie du Pigne dans le début des pentes de neige.


 Le sommet est tout proche mais nous devons contourner sa face par une pente de neige beaucoup plus longue. Le départ est peu pentu, mais nous devons marcher dans des espèces de rigoles formées dans la neige, c'est très chiant car on n'a jamais la possibilité de cramponner les pieds à plat! Ensuite nous retrouvons une bonne trace qui semble partir vers le sommet. On fait un genre d'arc de cercle pour remonter une pente un peu plus soutenue (30°)  pour remonter ce qui ressemble à une pente de neige jusqu'à un premier passage rocheux sans problème. La pente se redresse ensuite pour terminer la pente du pigne et on fini sur un petit promontoire plat au sommet. Je pense qu'on a mis 2 heures depuis le refuge.

Au sommet du Pigne avec en arrière plan le glacier de moiry et le Grand Cornier dans le fonds à gauche.


On domine tout le glacier de Moiry qui commence à prendre le soleil mais aussi tout la vallée glaciaire d'à coté avec le glacier de Zinal et les sommets très impressionnants autour comme le Zinalrothorn (4221 m) et sa pointe neigeuse. On aperçoit la face impressionnante de la Dent Blanche (4357 m), et plus loin ce qui semble être le Cervin.Les sommets du valais sont bien différents de ceux du massif du mont-blanc. Ici les sommets sont biens séparés les uns des autres et prennent plus la forme de pyramides rocheuses ou neigeuses. On ne retrouve pas les parois raides des aiguilles de Chamonix où les parois alignées des droites, courtes, jorasses par exemple.

Le glacier de Zinal avec au centre le Zinalrothorn et son arète caractéristique.

On aperçoit le Cervin au bout de vallée glaciaire.




Après quelques photos on redescend le sommet pour longer une longue pente qui est la rive droite du glacier. La pente est peu soutenue mais un peu monotone, on passe plusieurs bosses, enfin on atteint semble t-il le bout du glacier. En fait cette dernière montée parait interminable car on ne voit jamais le col. Nous arrivons en fait au pied de l'épaule de Grand Cornier (3962 m). Ouf on peut souffler, je commençaisà avoir les jambes un peu tétanisées par cette longue montée où on ne change jamais de position de cramponnage.

Vue depuis le Pigne, sur la gauche la longue remontée du glacier de Moiry effectuée jusqu'à l'épaule du Grand Cornier. Nous ferons ensuite tout le tour par la droite.

On fait un break sur ce col au point 3600 m environ avec l'arête de Grand Cornier juste devant nous. Aucune cordée aujourd'hui pour cette arrête cotée AD. Nous profitons du panorama avec au premier plan les pointes de Mourty, puis dans le fond la face Sud du Mont-Blanc qui se dégage. Il est 10h, nous avons mis 4h pour monter au Pigne puis à l'épaule du Grand Cornier.

Au point le plus haut de la journée, au col du glacier de Moiry au niveau de l'épaule de Grand Cornier, vue sur l'arète. A droite la Dent Blanche.

La descente peut commencer en rattrapant la rive gauche du glacier. Un peu de ramasse et nous passons sous la pointe de Bricola, puis les pointes de Mourty où quelques cordées finissent le sommet. Ce coté du glacier prend le soleil tôt et la descente devient pénible dans une neige molle et lourde. Nous passons une zone merdique qui doit se trouver sur une rimaye car des gros trous sont faits dès qu'on fait un pas. On enfonce jusqu'au genoux et je devine des endroits ouverts sous la neige. Ce sera la seul passage où il faut se méfier, tout le reste du glacier était bien bouché. La rive gauche du glacier devrait s'ouvrir rapidement s'il fait chaud car on devine les rimayes sous la neige molle. La descente se finit dans une cuvette avant la rupture de pente du glacier et nous retrouvons la trace de montée de ce matin. Encore un effort sur ce fichu glacier transformé en champ de patates par des rigoles de neige chauffées par le soleil.

La descente du glacier rive gauche sous les pointes de Mourty.


Nous arrivons au refuge vers 12h où le marteau piqueur à repris de plus belle, et où des palettes de nourriture viennent d'être déposées par l'hélico. Une bonne bière pour récupérer et nous restons un bon moment à nous soulager les jambes et les pieds en contemplant ce superbe glacier et le lac dans le fond. Ce coin de Suisse est vraiment sympa, beaucoup plus calme et moins aseptisé que le massif du mont-blanc.

Vue sur la cabane de Moiry depuis la fin de la course sur le début du glacier.


Il est temps de redescendre par le chemin jusqu'au parking, en faisant attention de ne pas trop se faire mal aux jambes qui commencent à souffrir. Un choc dans un caillou et je sens un clac dans le dos, j'ai bien peur que je me sois déplacé à nouveau le bassin, je suis bon pour un nouveau tour chez l'osthéo bon sang!
Je ramène mon coéquipier dans la vallée de Sion et peux mieux profiter de cette descente pour admirer la vallée bucolique du Val d'Anniviers situé au dessus de Sierre. Dans la vallée la chaleur est incroyable (33 °), vivement que je sois de retour à Passy pour me plonger dans un bon bain!

Publié dans alpinisme

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