DOMES DE MIAGE - 2 AOUT 2008

Publié le par sten

Enfin, le grand jour est arrivé! Depuis le temps que je rêve de faire cette course! Depuis 3 ans que j'ai cette fameuse arête sous les yeux tous les jours depuis ma terrasse, je vais enfin pouvoir la voir de plus près!

Le projet s'est dessiné début juillet sur le forum de C2C avec des personnes motivées pour cette traversée. La météo semble être avec nous, je pense que physiquement je peux tenir le coup après une préparation en juillet, donc direction la haute montagne!
Pour éviter la foule et surtout trouver de la place au refuge des conscrits, nous partons vendredi 1er août, jour de fête nationale Suisse (et oui, des suisses ou travailleurs suisses dans la cordée!). Les orages sont annoncés pour le début d'après-midi, on surveille la météo depuis quelques jours avec précision!
Le départ se fera donc de bonne heure. Rendez-vous aux contamines à 9h, les voitures arrivent petit à petit et le groupe de 5 est prêt, sac sur le dos.

Le départ vers tré-la-tête est toujours aussi raide en démarrant à froid! Au bout d'une heure et demie, on rejoint le refuge de tré-la-tête pour la première pause. Puis on repart vers le glacier par le passage du "mauvais pas", par marche pied et chaînes. Puis on descend la moraine par un sentier délité et raide pour prendre pied sur le glacier de tré-la-tête. On aperçoit quelques moulins et crevasses sous le pierrier.

Vers le "mauvais pas", vue sur le torrent glaciaire sous le glacier de tré-la-tête.


C'est parti pour la longue remontée du glacier, complètement recouvert par le pierrier.

Après un dernier petit ressaut, on s'approche de la langue glaciaire, à la recherche des échelles qui sont quelque part sur la gauche, dans les dalles. Pour rejoindre le refuge, deux solutions: prendre les échelles, ou remonter le glacier, par le milieu, en zigzaguant entre les crevasses. Nous, nous avons choisi la solution la plus simple et la plus rapide: les échelles!

Arrivée au glacier, à la recherche du passage vers les échelles.


Jérémie, qui a une vue de vautour, les a repéré et nous filons droit dessus! Nous voilà arrivé au pied des échelles, c'est parti pour un peu d'adrénaline!

Le départ des échelles.

Vue plongeante sur le glacier garantie!

Après quelques passages chaînés, on rejoint un sentier raide au dessus des dalles rocheuses, par les pentes herbeuses. Bientôt, alors que la fatigue se fait sentir, on aperçoit le refuge des Conscrits, qui se fond dans le décor avec son architecture superbe.

Au dessus des échelles, remontée par un sentier raide.

Comme toujours, on est accueilli par les bouquetins...

Arrivée au refuge des Conscrits.

Les nuages se font de plus en plus menaçant, et on ne regrette pas notre départ avancé. 4 heures de montée depuis les contamines, et à présent l'après-midi devant nous pour nous reposer et profiter de ce refuge hyper confortable! Une bière et un morceau de saucisson, une sieste, et l'orage qui arrive à 15h comme prévu par la météo!

Le repas est servi à 19h, peu de monde est monté finalement avec ce mauvais temps, cela est plus tranquille dans la salle à manger bruyante. Repas classique de refuge de haute montagne: soupe avec tomme, viande avec pâtes, mousse au chocolat, et direction le dortoir pour une courte nuit!

Samedi 2 août:
pas de souci, Jérémy, en bon organisateur n'a pas oublié le réveil (3h15!!!!). Pas trop mal dormi grâce au stylnox, direction le petit-dej, la tête encore dans le brouillard!
Petit dej copieux, avec jus d'orange, pruneaux!
C'est le rituel de la course à présent avec préparation du sac, mise du baudar, frontale qui cherche le matos....
Nous partons en premier du refuge, et faisons confiance à Jérémy qui a reconnu hier le départ sous les premières gouttes! Heureusement car le départ n'est pas bien indiqué, les cairns sont peu visibles en pleine nuit!

On fait une bonne partie du chemin au dessus du glacier, de nuit, et je trouve la montée très progressive. Avec les premières lueurs du jour, nous mettons pied sur le glacier, et décidons de nous encorder. La rive opposée du glacier commence à apparaître entre les derniers nuages : aiguilles de tré-la-tête, lex blanche, aiguille des glaciers...

Début du glacier...

Premières pentes de neige, avec le mont Tondu dans le fond.

La montée vers le col des dômes se fait très progressive, en pente douce, sur une neige regelée et tracée.
Bientôt, on aperçoit le col infranchissable, qui boucle la vallée glaciaire, avec en face de nous l'impressionnante arrête des bosses du mont-blanc.

Vers le col infranchissable...

Avant de tourner à gauche vers le col des dômes, plein face au Mont-Blanc et à l'arrête des bosses.

Après quelques photos sur le mont-blanc, et la face de glace de l'aiguille de tré-la-tête, nous tournons à gauche vers le col des dômes, par une partie un peu plus crevassée. On va bientôt s'en rendre compte, car à présent la neige des orages de la nuit a recouvert la trace, et il faut trouver son itinéraire. Bravo à Matthieu qui ouvre la voie, repère les ponts de neige et les crevasses cachées. Une dernière crevasse pose problème avant d'arriver au col. Les guides arrivent et sondent le terrain. Il faut bien passer là où on pensait, il va falloir assurer le passage un par un au piolet, corde tendue. Matthieu s'enfonce jusqu'au genou, mais ça passe et très vite tout le monde enchaîne le passage vitesse grand V!

Sous le col des dômes.

Ça y est on est arrivé au col, au soleil, on aperçoit la vallée de Sallanches dans le fond. A droite le sommet Est des dômes, avec sa pente de neige bien raide, à gauche une petite pente raide nous attend pour prendre pied sur l'arrête proprement dite.
On remonte rapidement ce premier petit dôme pour surplomber le col, face au sommet Est.

Remontée du premier dôme, surplombant le col des dômes.

Le sommet Est, derrière le dôme du Goûter et Mont-Blanc.


L'enchaînement des dômes par l'arête va pouvoir débuter! et là c'est bientôt l'euphorie dans nos cordées! devant nous les dômes recouverts de neige fraîche, sans trace!!! A nous l'enchaînement des dômes dans la neige fraîche à faire la trace. Qui à déjà vu la fameuse photo du sommet central SANS TRACES? et bien nous!!

Le dôme central, vierge de traces!

Les dômes s'enchaînent les uns après les autres facilement, même si il y a du gaz des 2 côtés: du blanc avec le glacier à gauche, du vert avec la vallée à droite! l'esthétique des arrêtes est incroyable et c'est vraiment le moment le plus fort de la course, suspendu au dessus de la vallée.

Sur l'arête du dôme central.

L'enfilade des dômes.

Du gaz à gauche, avec le glacier de tré-la-tête.

Après avoir passé le dernier dôme, un petit virage dans la pente sur la droite marque le début de la descente. D'abord facile sur une belle pente de neige en devers, on se rapproche petit à petit de la ligne de crête de l'arête pour rejoindre les rochers de la pente à 40°.

Début de la descente vers la Bérangère dans le fond.

Premières pentes de neige à la descente.

La descente devient alors un peu plus technique, dans une pente raide, les traces ne tiennent pas trop dans une neige fraîche, puis un peu ramollie. Il faut débotter souvent car sinon on se retrouve avec de gros blocs de neige collés aux crampons, et bonjour les glissades!

Début de la pente à 40°...

Cette descente sera en fait le passage le plus "difficile de la course", où il est parfois difficile de ne pas glisser dans les traces qui ne portent plus. Mais, il n'y a plus de gaz comme sur les arêtes, et cela rend la descente moins flippant.

On aperçoit depuis un moment maintenant la Bérangère et la belle trace de neige qui descend au col de la Bérangère puis remonte dans les rochers de l'aiguille. Nous voilà arrivés au col de la Bérangère, baigné de soleil. C'est l'endroit idéal pour se reposer sur les rochers, refaire le plein avant la dernière partie mixte. On a le temps d'observer cette fameuse descente des dômes juste derrière nous.

Pause au col de la Bérangère.

L'arrivée au col de la Bérangère après la descente des dômes.

La fin de la course approche, et bientôt on pourra être définitivement rassuré derrière la Bérangère. La remontée dans le mixte ne pose aucun problème, les passages de neige sont faciles. Plus haut, notre chef de cordée décide d'enlever les crampons. Bonne initiative, il n'y aura plus de neige, ni de glace jusqu'au sommet. Cette dernière partie en rocher très facile s'avère très ludique et rajoute encore à la variété et à l'intérêt de la course.

La remontée en rocher à la Bérangère.

La vallée des Contamines, vue depuis l'arête de la Bérangère.

Enlevage de crampons dans les rochers!

Ça y est on est au sommet de la Bérangère! On peut dire que c'est fait, on l'a réussie cette traversée des dômes de miage! Le point de vue est sensationnel: l'arête des dômes en face de nous et sa fameuse descente raide, le bassin de tré-la-tête derrière nous, le beaufortin dans le fond, la vallée des contamines en dessous. On apprécie à plein tous ces moments forts, en se disant que l'on vient de réaliser une course fantastique avec une météo fantastique, et deux cordées au top.

Vue magnifique sur la dernière partie de la course, la descente raide jusqu'au col de la Bérangère.

La dernière partie rocheuse de la Bérangère.

Face aux aiguilles de tré-la-tête.

L'équipe au complet au sommet!

On peut à présent descendre le coeur et l'esprit légers vers le refuge! Comme espéré la descente de la Bérangère se fait en 5ème vitesse grâce aux toboggans de neige dévalés en ramasse! Quelques moments de délire, dans la neige molle, des descentes en luge sur les fesses et les dernières glissades nous amènent en un temps record au refuge.

Descente en ramasse sous la Bérangère!

Nous faisons une bonne pause au refuge, sur la terrasse, au soleil de midi, face aux montagnes. Quoi de mieux que ces moments là? Un bon casse croûte, une bonne bière, on se détend et on se repose en reparlant de la course magnifique que nous venons de faire.

Mais il faut bien penser à redescendre, et mon expérience me dit que le plus pénible commence pour cette longue, longue descente jusqu'aux contamines. Retour par les échelles, toujours plus impressionnantes à la descente. D'autant que l'on bouchonne derrière un guide avec des clients qui assure à la corde la descente des échelles. Pas cool d'attendre pendu dans les échelles, à surveiller en dessous la progression des "bouchons"!

Approche à sensations des échelles!

C'est parti pour la descente des échelles!

La redescente du glacier se fait à un bon rythme, il faut remonter la petite moraine pourrie pour récuperer le chemin de randonnée. La dernière montée fait mal aux cuisses! On croise les randonneurs et les cordées qui montent au refuge. Il y a bien plus de monde qu'hier. Le refuge de tré-la-tête arrive pour la dernière pause avant la voiture. La dernière partie de sentier sera terrible, paraissant interminable, avec le gros sac trop lourd. J'arrive enfin au parking, le dos en bouillie, les épaules cassées. La pose du sac à dos est un véritable bonheur!

16h30 au parking, soit 12h pile àprès le départ de ce matin du refuge! que c'est long! mais que cette course a été inoubliable...

Publié dans alpinisme

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article